dimanche 6 février 2011

Poursuite sous la lune


La forêt devenait de plus en plus sombre, quelques vestiges de pierres parsemaient furtivement le sol terreux, recouverts par la nature, qui s’engouffraient dans les longues fissures des briques cassées. Le paysage défilait à toute allure car elle, elle courait. Je la suivais de loin, mettant toutes mes forces en jeu pour la rattraper. La lune éclairait délicatement les feuilles mortes de cette froide nuit d’automne. Sa belle chevelure d’or miroitait d’argent projeté par l’astre des Lycans, tel des vagues d’eau pur.

J’entendais sa voix murmurer ; elle pleurait. Ses larmes dévalaient sur ses joues, puis s’évaporaient dans les bois, dans un dernier éclat cristallin. L’ombre agressive des arbres grandissait pour se métamorphoser en monstres noirs survolant silencieusement les lieux. Cerné par ses créatures, l’angoisse entoura ma gorge de ses longues mains acérées. Inquiété, je courais toujours et remarquais qu’elle était inaccessible. Ses pas faisaient craquer les fines brindilles sèches qui jonchaient le sol. Etrangement, ma course n’émettait aucun son. Son souffle existait par le rythme de la douce buée qui disparaissait dans le ciel étoilé. Moi, je n’avais pas froid. Alors que sa peau blanche frémissait, la fatigue n’atteignait pas mon corps, alors qu’elle, elle trébuchait de fatigue et haletait d’épuisement. La distance qui nous séparait s’était raccourcie, ce qui me donnait de l’espoir, redoublant d’effort, il ne restait que 10 mètres, 5m, 2… j’y étais presque. Puis d’un coup, elle s’arrêtât net. Surpris, je fis de même. À ce moment précis le souvenir de notre première rencontre resurgit.

Ce jour là, il pleuvait. L’air était trouble et embrumé. Elle était repliée sur elle-même, frissonnante et apeurée, dans un coin de rue sale. Je lui avais proposé mon aide en lui mettant la main dans les cheveux, elle se retourna et me transperça le cœur de ses sublimes yeux bleus nuancé d’or. Et c’est à ce moment précis que notre histoire commença. Le souvenir de ses baisers, de ses caresses, de cette chaleur qu’elle me procurait…

Ses pleurs me ramenèrent au moment présent… désespérée, elle était recroquevillée comme au premier jour. Je tendis ma main vers elle, et puis je l’entendis murmurer mon nom, ce qui me paralysa. Sa tristesse me fendait le cœur. Je ne comprenais pas tout, mais elle parlait de moi, me suppliait de revenir ! Pour la réconforter, je posai ma main sur ses cheveux, mais… mes doigts la traversèrent. Ils se dissipèrent sur la matière solide de son visage. Ils s’effacèrent d’une lueur mate, bleutée. Apeuré, intrigué, j’approchais ma main pour mieux la distinguer et elle se reconstitua.

Un flash back surgit dans ma tête ! Il me donnait le tournis, les mains sur les tempes, je revivais l’accident. Le vacarme des taules fendus, le grésillement électrique, le grincement du fer sur le béton gelé et puis… le noir complet. C’était la scène de mon dernier souffle, celle de ma mort.

Haletant et désemparé, je repris doucement mes esprits. Et dans ses pleurs infinis, je vis mon corps se dissiper lentement de cette lueur bleue. Lui chuchotant des mots rassurant qui ne l’atteignait pas. Mes yeux délivrèrent une dernière larme qui s’échoua sur une de ses joues. Puis je disparus dans cette nuit d’automne. La larme coula, telle une perle le long de son visage, comme pour honorer ma promesse. Celle de rester à jamais à ses côtés, et de la protéger.

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