dimanche 7 novembre 2010

Les vitres - Nouvelle

Dehors, il pleuvait. Les passants recroquevillés sous leur parapluie se ruaient avec hâte chez eux. Moi, j'étais chez moi, assis sur une maigre chaise en bois rongée par les mites, la joue droite collée contre la grande vitre fraîche et humide de mon salon. Salon qui était aussi ma cuisine et ma chambre à coucher. J'aimais mon petit studio aux couleurs fades, aux murs abimés par les années, aux portes grinçantes... Enfin, j'étais de l'aimer, je n'avais pas d'autre choix.
Je travaillais comme femme de ménage dans le quartier des affaires à Paris. J'étais misérablement rémunérée. Avec mon salaire, je pouvais à peine payer mon loyer et ma nourriture. Paris était beaucoup trop cher pour moi. Mais j'avais été livré à moi même dès mon plus jeune âge, à cause du décès de mes parents...
Plus rien n'allait chez moi. J'étais triste, vide, désespérée. Ce fut à ce moment là qu'une idée me traversa l'esprit.
Je me leva mollement de ma chaise, et ouvrit ma fenêtre. Elle était haute, mais très étroite. Étant petite, j'y tenais facilement. Je me trouvais sur le rebord, regardant la rue d'en bas qui plongeait à quatorze étages. Déterminée comme jamais, j'allais sauter.
Ma respiration s'accéléra, mes longs cheveux sales se mouillèrent, collant à mon malheureux visage. La pluie était forte. La nuit était sombre. Le vent était frais et me giflait les joues. J'avais peur.
Je cogita un long moment, pour enfin me défiler et continuer à vivre. Mais le vent soufflait encore plus fort, provoquant un courant d'air. Les vitres de la fenêtre de mon salon multi-fonction se refermèrent brutalement. Je perdis l'équilibre.

Je tombais pour finalement m'écraser au pied de mon immeuble.

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